Christine Melcer dans "Les Tentations Electives" de Benjamin Oppert
Certains comédiens s'illustrent particulièrement par certains traits forts de leur carrière qui forcent notre admiration : la longeur de leur carrière - elle-même, le nombre de pièces jouées, l'interprétation de rôles majeurs qui illustrent leur talent... Christine Melcer quant à elle m'a impressionnée par le nombre de pièces qu'elle pouvait jouer dans une journée : 3 !
Cette passion du théâtre est bien impressionnante et nécessite une forte capacité à maîtriser chacun des rôles dans son intrégralité, et celle tout autant nécessaire, de pouvoir quitter un rôle promptement pour entrer parfaitement dans le suivant...
Avec Christine Melcer, nous avons encore un bel exemple que le théâtre reste donc cet art majeur où l'artiste s'éprouve et se prouve à chaque représentation.
Christine Melcer...3 FOIS BRAVO !
Comment vivez-vous votre personnage dans la pièce ?
C'est une femme ministre de la Culture qui a de l'ambition. Depuis son adolescence elle a toujours rêvé de faire une carrière et en a oublié sa vie personnelle. C'est ce qui se passe la plupart du temps, parce qu'elle est obligée de se battre encore plus en tant que femme, que pour un homme, afin de trouver une position sociale importante. La relation qu'elle a avec le comédien dans son adolescence, c'est pour elle, je pense, une relation d'amitié amoureuse inconsciente. Elle veut avant tout s'en sortir. Inconsciemment elle est attirée par lui, mais elle n'a pas le choix. Elle se bat. Et quand elle le retrouve au Molière, elle est tiraillée entre le fait qu'elle ressent quelque chose pour lui et le fait qu'elle a sa route à suivre.
Tout le rôle est ce cheminement entre 'je me bats pour ma carrière' et ‘je suis attirée par lui’. Même quand elle est obligée de le recevoir, elle est embêtée car il lui plait.
Ce que je trouve beau dans le personnage c'est que la route de la pièce à travers ça, dit que l'amour est plus fort que tout et que le reste ce sont des paillettes.
L'essentiel c'est le couple et sa relation. Le reste c'est du vent. On court après ce vent, parce qu'on n'a pas l'essentiel....quelque part. C'est comme ça que je vis mon personnage.
Christine Melcer, quel est votre parcours ?
J'ai commencé par faire de la danse classique, dans la compagnie de François Guilbart. Mais ce qui me passionnait déjà dans la danse c'était l'interprétation des personnages. Un jour j'ai commencé à prendre des cours de théâtre avec Françoise Rosay.
Puis, j'ai suivi pendant un an les cours du centre de la Rue Blanche qui s'appelle maintenant l'Ensatt. C'était une des grandes écoles de théâtre sur Paris qui recrutait sur concours.
J'ai entendu parler d'une audition pour 'La Parisienne' d'Henri Becque à la télévision.
Je me suis présenté et c'était Jean Kerchbron qui m'a auditionné. Le personnage était Adèle, pour jouer avec Jean Poiret, Pierre Mondy, Nicole Courcel... C'était mon premier petit rôle, mais quand même c'est important. Ça c'est très bien passé et Jean Kerchbron m'a encouragé à faire ce métier. Il m'a même dit :"Maintenant vous avez trois ans pour vous présenter au Conservatoire Supérieur d'Art Dramatique de Paris, pour continuer la danse et apprendre à chanter ». Ce que j'ai fait et j'y suis rentré, également sur concours.
Et c'était la promotion : Huster, Weber, Villeret, Kerbrat, Nathalie Baye...Une fois rentré au Conservatoire, j'ai continué à travailler le chant et la danse et puis la même année j'ai été réengagée par Kerchbron pour tourner 'Les Corbeaux' d'Henri Becque avec Tsilla Chelton. J'ai joué dans dix séries dramatiques pour la télévision avec différents metteurs en scènes, avec des rôles importants pour certains, et moins importants pour d'autres, mais toujours intéressants.
J'ai joué également dans une série des "5 dernières minutes" de Bourrel.
J'ai aussi fait beaucoup de théâtre en même temps. Puis, j'ai moins tourné car certains metteurs en scènes ont disparu. La télévision changeait et il fallait passer des castings. A l'époque on tapait aux portes et puis on allait auditionner. On était pris ou non...C'est comme ça que j'ai fait beaucoup de téléfilms.
Voilà mon parcours professionnel.
Actuellement au théâtre je joue plusieurs rôles très différents.
Aujourd'hui vous avez eu une journée très chargée ?
Effectivement, en ce moment, je joue au Théâtre du Nord-Ouest trois spectacles dont les Tentations Electives de Benjamin Oppert, mis en scène par Philippe Brigaud. Je joue également "Justine ou les vertus du libertinage" de Pierre Casadéi, adapté par Alain Duprat, et aussi "Ivanov" de Tchékov. Je répète pour l'auditorium de l'Opéra de Massy "Britannicus », pour le rôle d’Agrippine que je vais jouer prochainement là-bas. Et je répète aussi "La dernière lettre" de Vassili Grossman, qui est un monologue bouleversant et magnifique, que je vais jouer bientôt au Théâtre de L'épée de bois, à la Cartoucherie de Vincennes.
Donc c'est pas mal chargé. J'apprends, je répète, je revois en même temps...
Mais je joue des rôles très différents tragiques ou de comédie...et c'est ce qui me plait. Vraiment, en tant que comédienne, ça me permet de me réinventer à chaque fois et non pas d'avoir de recettes. Je me mets en danger, et c’est ce qui fait avancer un comédien, je trouve.
La comédienne que j'apprécie le plus au cinéma c'est Meryl Streep. C'est une très grande, parce qu'elle joue des rôles complètement différents. A chaque fois c'est Meryl Streep et c'est à chaque fois complètement le personnage. Et cela, si j'arrive à le faire un jour, je serai contente.
Actuellement, c'est ce que vous vivez ?
Oui ! Tout à fait, mais j’essaie !
Blog de Benjamin Oppert : http://benjamin-oppert.blogspirit.com/