Flavie Le Boucher - Auteur, Metteur en scène et Comédienne de Théâtre
Flavie Le Boucher est une auteur, metteur en scène et comédienne de théâtre, autrement dit, une artiste et une professionnelle accomplies.
Le pétillant de son tempérament savoureux l'amène à mettre à profit son talent dans d'autres registres comme la télévision pour des téléfilms, mais est aussi hors caméra à savoir en doublage de séries -dont les mangas-, ou encore en voix-off pour des reportages.
Ses fans l'apprécieront également dans des spots publicitaires.
Flavie Le Boucher est une artiste d'aujourd'hui pluridisciplinaire, une pile d'humour qui a sacrément de la réserve. Elle est généreuse et aime travailler en duo pour vivre le bonheur d'une création artistique comme un concerto à quatre mains ; bonheur...pour elle...et pour nous aussi !
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Vous êtes auteur et metteur en scène de trois pièces : « La clairière enchantée », « Le comique de répétition » et « Séries en délires », qu’est ce que chaque pièce vous a apporté ?
Comme vous avez du le remarquer, à chaque fois j’ai travaillé avec quelqu’un d’autre. J’ai toujours un co-auteur ou un co-metteur en scène parce que j’aime le travail d’équipe, profondément, c’est beaucoup plus enrichissant. Si je fais ce métier c’est pour travailler avec d’autres personnes pour qu’on puisse apporter énormément de choses et avancer le plus loin possible ensemble. J’aime partager !
Sur les 3 projets il y a une pièce pour enfants : « La clairière enchantée » et c’est notre première création. Les 3 projets m’ont appris énormément de choses. Après les cours on sait jouer ensuite, il y a une autre donnée qui apparait : il faut arriver à se vendre, vendre les choses auxquelles on croit et à chaque fois ces 3 projets ont été des étapes.
Le premier projet, c’était la première fois que je travaillais avec quelqu’un qui voulait produire ce que je faisais. C’est très important de gérer le fait qu’on me donne de l’argent pour que j’écrive quelque chose et que je le joue.
Le deuxième projet, « Le comique de répétition », c’est moi qui l’avais écrit. Nous l’avons joué dans un théâtre à Paris. Ça c’est prolongé et j’ai donc appris à négocier avec un théâtre ! Ça c’est des choses qu’on ne sait pas au départ ! A signer des contrats et les lire, c’est très important ! Des fois je me dis que j’aurais mieux fait de faire un BEP Action commerciale-vente ou du Droit plutôt, que des cours de théâtre pour m’en sortir !...rires...
Grâce à ça, j’ai appris, sur le tas pour arriver avec « Séries en délires », à un moment où je maitrisais déjà mieux, beaucoup d’aspects autour de cette pièce qui a été mise en scène par Xavier Letourneur. J’ai fait ce choix aussi pour ne pas avoir toutes les casquettes parce que je pense qu’il faut aussi diversifier. Je n’ai qu’une ou deux casquette à chaque fois, mais pas toutes. Sois je mets en scène sois j’écris, et je laisse jouer. Je ne jouerai pas en mettant en scène et en ayant écrit. Parce qu’on tourne en rond et que forcément on ne va pas aussi loin qu’on pourrait, sauf à être accompagnée par d’autres personnes en qui on a confiance dont on aime le travail et le talent.
Vous avez réalisé un spectacle de poésie avec Dorothée Villevieille, à Marrakech. Comment avez-vous été amenée à cela ?
Dorothée Villevieille est une metteuse en scène, avec laquelle j’avais travaillé et qui est partie vivre à Marrakech. Elle était enceinte et ne pouvait plus assurer ce projet. Elle m’a appelée et bien sur, j’ai débarqué très vite et c’était absolument génial.
C’était une expérience fabuleuse !
Il y avait deux parties : la première avec un poète marocain qui lisait en arabe des poèmes de Mahmoud Darwich, qui est mort il n'y a pas très longtemps. C’était un des rares poètes palestiniens très connu. Il a écrit des choses magnifiques….. et moi, en deuxième partie, je lisais en français.
On a fait le tour des écoles primaires de Marrakech et des alentours pour aller voir les enfants de 6 à 16 ans, leur lire les poèmes, dans un premier temps. Ensuite, nous leur avons expliqué ce qu’était la poésie de façon très simple. Et après, ce sont eux qui nous ont écrit un poème, en arabe ou en français, pour montrer que les deux langues étaient importantes et qu’il n’y en avait pas une qui était meilleure que l’autre.
Tous leurs poèmes ont été accrochés à 500 ballons gonflés à l’hélium et lancés aux 4 vents et peut être qu’un jour quelqu’un les recevra, on ne sait pas ! C’était vraiment mignon.
Ensuite, on a monté un vrai spectacle de poésies, avec Younes Tardi, un comédien marocain, Dorothée et un musicien et on a joué sur la place Jamaâ El Fna devant tout le monde : les touristes, les marocains, commerçants ou passants.
On avait un micro pour que le son soit bien réparti sur la place. Les gens ont assistés à une demi-heure de lecture de poésies.
Ce qui est très amusant, c’est que tous les marocains connaissent leurs poèmes par cœur ! En fait, j’ai appris que Gengis Khan qui a aussi envahi le Moyen Orient, épargnait uniquement les poètes et les artisans. Depuis c’est resté ! Chaque marocain apprend un poème par cœur ! Pourtant c’est loin, mais c’est resté une tradition ! C’est quand même fou ! Les enfants de façon complètement autodidacte nous ont écrits des choses vraiment magnifiques. Et parfois j’ai gardé ceux qui m’étaient plus destinés. Il y en avait un sur la façon dont j’avais lu et qui avait plus beaucoup à l’enfant. Je lisais des Fables de La Fontaine parce que c’était plus accessible pour des enfants et c’était drôle ! C’est vrai, le poète marocain lui était plus sérieux parce qu’il lisait des poètes sacrés qui sont rentrés dans le Coran! Forcément, ce n’est pas très drôle ! J’avais pris le contrepied, je mimais et je faisais des choses beaucoup plus drôles !
Votre carrière au théâtre est diversifiée comment choisissez vous vos rôles ?
D'abord, il y a les rôles que j’ai écrits et ceux que j’ai décidé de jouer. Ensuite, pour les autres rôles, ça a toujours été des metteurs en scène qui ont projeté des choses sur moi. Ils ont eu envie que j’incarne le texte de quelqu’un d’autre, de la façon dont ils le pensaient, ce n’est pas quelque chose que j’ai maitrisé mais c’est bien comme ça
Souvent on dit que le comédien n’est pas là pour penser, car il y a déjà un auteur qui a écrit et qui a pensé. Ensuite, il y a un metteur en scène et un scénographe qui sont là pour penser : qui doit être à droite, qui doit être à gauche, quelle lumière, etc.
Le comédien, il n’a qu’une chose à faire : savoir son texte, l’incarner, le vivre, donner de l’émotion ! Tout cela c’est très loin de la pensée, parce que l’émotion, ce n’est pas la pensée ! Nous, on pense avant ou après, à ce qu’on peut essayer de faire mais on est que dans le faire. Après, ce que j’ai pu choisir, c’est d’accepter ou de refuser, c’est ça mon choix !
Vous avez fait un stage de théâtre en anglais. C'est bonus plutôt original ?
C’était avec Jordan Beswick à Paris au Studio VO/VF et c’était vraiment génial ! C’était un stage « caméra » mais qui m’a appris beaucoup à moi, qui fait plus du théâtre. C’était un stage gratuit pour les comédiens afin de se perfectionner. De jouer dans une autre langue c’était assez surprenant !
Le français a un jeu énormément dans les mots parce qu'on a cette culture : on a eu Molière, Racine et tout passe par le verbe. C’est pour ça que les comédiens français sont souvent très prise de tête, c’est comme ça qu’on leur apprend à jouer parce que tout vient du mot ! Le fait de jouer dans une langue qui n’est pas la sienne, en plus, je ne suis pas bilingue du tout, amène forcément autre chose.
Ce n’est pas le mot qui amène l’émotion, c’est l’émotion d’abord et le mot sort comme il sort !
Donc, c’est un travail complètement inverse de ce que j’avais toujours fait et c’est en cela que ça m’a énormément apporté, ça a amélioré mon niveau d’anglais aussi ! La méthode américaine est très différente de la méthode française : en France on va être souvent dans le cérébral, beaucoup moins dans le corps. L’américain, lui, il va -par exemple- nous coacher, en nous parlant tout le temps du personnage, de notre rôle, de qui on est. Il nous remplissait et après on y allait ! Cela pouvait durer une demi-heure et c’était super intéressant. Au cinéma, ce que l’on ne voit pas c’est que l’on a une scène dramatique où on s’écroule et qu’il faut la tourner le jour d’avant celui où on s’engueule !
Donc, quand on arrive pour jouer d’abord la scène où on s’écroule parce que par exemple, le décor on ne pouvait l’avoir que ce jour là, il faut arriver chargée de la scène qu’on n’a pas encore jouée. C’est là qu’il faut apprendre à se charger, pour tout de suite arriver dans l’état qui est demandé devant la caméra, au moment où l’on dit : « Action ».
Alors qu’au théâtre, on suit le fil et c’est plus facile, parce que l’on vient de vivre tout ce que le personnage a vécu avant ce moment de rupture, pour donner un exemple concret …. ! Ça m’a appris à être plus efficace et à mieux réfléchir en amont pour pouvoir en deux phrases exprimer tout ce qu’il y avait avant ces deux phrases.
Est-ce que cela vous a donné envie de faire des projets en Angleterre ?
J’y suis allée au moins deux mois par an, durant toute mon enfance. J’aime beaucoup l’Angleterre et mon frère y a vécu. A un moment, j’avais passé des auditions là bas mais ça ne s’est pas fait parce que j’étais trop prise ici. Mais ça me tente beaucoup. J’ai adoré parce qu’ils sont très professionnels ! On est là pour travailler ! Ils nous disent tout le temps : « Faites votre job ! » et il y a beaucoup de respect ! J’aime beaucoup l’humour anglais! Oui j’aimerai bien…. un jour …..
L’extrait vidéo « troisième type » rappelle agréablement l’environnement de séduction élégante de la magnifique pub de Georges Clooney « What esle ? » . Qu'en pensez-vous ?
...rires...Je n’y avais jamais pensé ! C’est à cause du café ? Oui, il y a un peu de ça ! C’était pour un film institutionnel qui est une sorte de publicité interne pour des énormes boites : ils tournent des films pour promouvoir un message à l’intérieur de la société qui a des fois des ramifications dans le monde entier mais ce n’est pas passé à la télé, seulement en interne. C’est un travail super intéressant aussi !
C’était juste la scène qu’on voit sur internet ?
Non, mais je n’avais pas les droits de diffuser mon partenaire. C'était en fait le PDG de l'entreprise qui voulait aussi faire quelque chose d’un petit peu drôle, un petit peu plus « open » pour ses salariés. Donc lui, je n’avais pas le droit de le passer sur internet et donc j’ai fait moi même le montage ! Le pitch, c’est une jeune commerciale avec les dents longues qui va rencontrer ce PDG, qui lui pose des questions et vous, vous avez juste les réponses.
Vous avez une carrière très variée. Est-ce parce que vous êtes « branchée » ou bien est-ce la dynamique d'une artiste d’aujourd’hui ?
C’est parce que tout m’intéresse, j’avoue ! Il faut être diversifiée pour vraiment ne vivre que de ce métier et on n’a pas trop le choix parce que les projets de théâtre ça peut durer deux ou trois ans mais il y a toujours un moment où ça s’arrête ! Donc, il faut diversifier énormément ce que l’on fait. À chaque fois ce sont des vraies rencontres avec des gens qui m’aiment bien et que j’aime bien aussi ! Je travaille peut être un peu moins, mais au moins quand je travaille, ce sont toujours des très belles aventures ! A propos de « branchée » je ne sais pas…. je ne suis pas très « magazine de mode ».
Il y a aussi que j’essaye de me diversifier au maximum, parce que je suis un peu boulimique de travail ! Il n’y a rien de pire que de ne pas travailler quand tu fais ce métier parce que tu n’existes plus !
Un comédien qui ne joue pas n’est plus un comédien ! Pour justifier qu’on est comédien il faut qu’on ait une actualité, il faut qu’on joue ! Quand on regarde le début de mon CV, j’ai fait énormément de pièces classiques, mais moi je m’amuse autant à faire une pièce de boulevard très drôle, très simple et très accessible, qu’à jouer des pièces classiques très compliquées ! Il n’y a aucun problème ! Je m’amuse autant en étant devant une caméra, même en doublage parce que j’imagine le personnage avec ma voix. J’aime vraiment tout faire, je crois !
Quels sont vos projets ?
Dans un premier temps, on tient beaucoup à cette pièce ! Fabrice Lelyon va être pris dans une autre pièce mais moi je vais rester sur « Séries en délires » parce qu’elle est bien. On va la prolonger, c’est donc notre but d’aller dans un autre théâtre, un peu plus grand, un peu plus tard quand ça marchera vraiment bien. On espère partir en tournée aussi ! Il y a tout ça à organiser.
On va continuer ici c’est sûr, au Théâtre d’Edgard, moi je resterai là, pour le moment … Mais j’ai plein d’autres choses : il y a une nouvelle publicité qui va sortir en septembre, d’autres choses dont je ne parle pas encore parce qu’on n’a pas encore signé …!
Sites :
http://www.01casting.com/flavie-le-boucher
http://www.facebook.com/flavie.le.boucher
http://www.dailymotion.com/flavie-le-boucher
Site en duo avec Fabrice Lelyon :
http://www.deliresenseries.net
(Merci à Christine Houvenagel pour l'aimable retranscription dactylographique de cette interview).