Fabrice Lelyon - Comédien, réalisateur, écrivain...et...créateur, rêveur, imagineur, émotionneur, rieur, pleureur, touteur quoi!

Publié le par L'Autre interview

Si Fabrice Lelyon porte fièrement une stature athlétique, c’est en tout cas au service d’une grande polyvalence artistique, gardant la souplesse du comédien qui sait se faire diriger, de l’artiste qui sait se mettre en danger et possédant un humour net et sans bavure, ce qui ne gâche pas l’affaire !

 

Sur ton profil MySpace, tu te définis comme créateur, rêveur, imagineur, émotionneur, est-ce que tu n’es pas un espèce de Cyrano héros accompli dans la diversité de sa saveur ?

 

fa01.jpgAlors c’est marrant que tu me dises ça, parce que Cyrano c’est le rôle que j’aimerai rejouer un jour, c’est ce qui m’a presque amené au théâtre. C’est mon livre de chevet Cyrano de Bergerac ! C’est pour ça aussi que sur mon profil, il y a créateur, rêveur, imagineur. Quant à écrivain...c’est juste un terme. Si je suis auteur c’est parce que je suis aussi imagineur, rêveur et créateur, c’est ce coté humain que je veux amener. Evidemment, auteur, c’est un métier ; comédien, c’est un métier ; écrivain, c’est un métier….. Je suis un carpe diem, je suis un vivant, je veux définir mon métier par ces termes là : imagineur, créateur, etc. parce que je suis un bon vivant et qu’il faut mettre beaucoup de plaisir dans la vie et ça ne doit pas être que des contraintes. Ça doit être aussi beaucoup de temps d’amusement, de plaisir, de partage entre humains. C’est pour ces raisons que je suis créateur, rêveur, imagineur ! Évidemment, il y a ce coté un peu Cyrano de vouloir toucher un peu les étoiles et aussi le coté amoureux, pas forcément d’une femme mais de la vie, du métier et du plaisir que je peux amener à donner aux gens, ça c’est important !

 

Lors de ton parcours d’art dramatique, tu as subi un entrainement intensif avec la compagnie « Le goudron et les plumes » vu ta carrure athlétique, tu n’as pas dû te laissez faire ?...rires…

 

Pour les besoins de la compagnie, je me suis un peu laissé faire…rires... Tu soulèves un point où lefa04.jpg coté athlétique fait que certains metteurs en scène ont peur de te dire ce qu’ils pensent ou t’amener à faire certaines choses qui ne te ressemblent pas forcément, c’est vrai que tu as raison sur ce coté là. En revanche, je suis assez léger dans ma façon d’être et j’amène le metteur en scène à voir que je suis d’abord un comédien, même si je suis athlétique. Comme je suis un comédien, je suis assez malléable. C’est mon métier de faire ce que le metteur en scène me demande, cela a été vrai pour « Le goudron et les plumes » et aussi pour d’autres compagnies avec qui j’ai travaillé. J’aime me mettre en danger, j’aime bien les contre-emplois ! Il faut faire comprendre à tous ces metteurs en scène que le coté athlétique, c’est une chose mais que ce n’est pas une fermeture de moi même !

 

Tes carrières au théâtre sont très diversifiées, comment choisis-tu tes rôles ?

 

Je ne les choisis pas toujours ! J’aime bien me faire surprendre et je laisse libre cours à ceux qui voient des choses en moi. La moitié du temps je ne choisis pas mes rôles et j’espère bien que ça va continuer. J’ai travaillé sur des rôles auxquels je n’avais pas pensé forcément qui m’ont amené à une diversité et à cette approche un peu différente qui fait le comédien que je suis aujourd’hui. Quand je me distribue dans des rôles comme dans « Séries en délires », c’est plutôt de la comédie, parce que j’ai la volonté de m’amuser, de faire rire les gens ! J’ai beaucoup tourné pour la télévision ces deux dernières années où j’ai joué beaucoup de personnages dramatiques pour montrer que je suis à peu près capable de jouer tout ce qu’on me propose et que j’ai un panel élargi.

 

En 2006 tu mets en scène « Le comique de répétition » de Flavie Le Boucher, comment as-tu vécu cette nouvelle fonction de mise en scène ?

 

fa05.jpgC’est encore ce coté éclectique que je veux amener dans mon métier. Je suis comédien, auteur et j’avais aussi envie de diriger des comédiens pour amener mon expérience et de sublimer ces comédiens qui ont besoin d’être dirigés. Je constate dans le métier que la direction d’acteurs se perd. On fait de la mise en scène, on place les comédiens sur le plateau, on leur demande de connaitre leur texte mais on ne parle plus vraiment de leur psychologie, de la psychologie du personnage, de ce qu’ils doivent penser, où ils doivent aller, pourquoi ils disent ça. J’avais envie de faire de la direction d’acteurs et j’ai touché à la mise en scène en voulant faire de la direction d’acteur. Avec Flavie Le Boucher, c’était de la co-mise en scène, c’était plus facile parce qu’à deux, on a deux fois plus d’idées c’est encore un partage, une fois de plus !

 

Comment ça se vit une co-mise en scène, vous ne vous marchez pas sur les pieds ? Apparemment tu dis que vous êtes complémentaires ? Qu’est-ce que ça implique ?

 

Ça implique beaucoup plus d’idées que tout seul et quand on a une idée, on ne sait pas toujours comment la développer et l’amener mais quand on travaille avec quelqu’un qu’on connait bien, car je travaille depuis plusieurs années avec Flavie, l’autre peut prendre le relais en développant mieux l’idée de base. C’est une complémentarité dans le sens où il y a toujours un échange entre nous, qui fait qu’on a jamais vécu de blocage … quand il y a en a un qui bloque, l’autre prend le relais et vice versa et c’est pour ça qu’on travaille ensemble et que ça fonctionne plutôt pas mal !

 

Comment en es-tu venu ensuite à l’idée d’écrire une pièce avec Flavie ?

 

C’est suite à cette mise en scène du « Comique de répétition » où on a eu envie d’écrire tous lesfa02 deux pour nous servir … On est comédiens avant tout et au théâtre on avait fait beaucoup de choses différentes. Flavie et moi on avait envie de faire vraiment ce qu’on voulait faire ! C’était juste la liberté de se distribuer dans ce qu’on voulait, nous lâcher ! Et du coup, on a écrit « Séries en délires » avec plein de personnages, de tableaux différents pour amener plein de couleurs et de mondes différents !

 

Le théâtre des Déchargeurs a-t-il un rapport avec les rôles d’homme au fling que tu interprètes au cinéma ?

 

Non, mais comme il n’y a pas de hasard dans la vie…. les déchargeurs après des rôles de flics à la télé, c’était un signe et que quand « Les déchargeurs » nous ont proposé de jouer chez eux, j’ai dit oui pour cette raison ! Tout simplement !

 

Comment tu te perçois devant une caméra ?

 

Ah….. je ne veux pas me percevoir ! J’essaye juste d’être vrai et de donner le maximum de moi et l’image que je donne, c’est à pas à moi de juger ça. Je donne ce que je crois être la vérité du personnage et je m’en fous d’être beau devant les caméras, je veux être vrai ! L’image est secondaire ! Ça c’est le boulot du réalisateur et je lui laisse ! Chacun son boulot !

 


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Est-ce que tu as une certaine typologie dans les téléfilms ?

 

J’ai une carrière assez récente à la télévision, je suis un ancien policier, donc le plus évident pour les fa06.jpggens qui travaillent à la télé, quand ils distribuent des rôles, c’est de s’approcher de la vérité et donc à 80% du temps, on me distribue dans des rôles de flics. Ça m’est arrivé quand même de jouer des truands et des personnages différents. Le flic c’est un métier, au final, ça n’engage pas le caractère de la personne. On a un coté un peu frileux en France où on ne veut pas se mouiller : un comédien qui est un ancien flic on le distribue en tant que flic, c’est ce que je déplore un peu….. C’est pour ça que je fais beaucoup de théâtre et que j’essaye de diversifier les rôles, juste pour montrer que je peux faire autre chose. Si un jour un réalisateur vient me voir dans une pièce, peut être qu’il me donnera d’autres idées…… On a un coté un petit peu enfermé dans un emploi et j’ai envie de casser ça ! Mais ça ne veut pas dire que si on me proposait le rôle de ma vie en tant que flic, je ne le prendrais pas !

 

Le théâtre justement te permet d’exprimer ces autres facettes de toi ?

 

Oui, artistiquement pour l’instant, c’est ce qui me permet le plus d’exprimer librement ce à quoi j’aspire en tant que comédien mais ça veut pas dire que la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément la vérité de demain…

 

Qu’est-ce que tu tires de ton expérience du court et du moyen métrage ?

 

Ça permet d’avoir une approche et de s’habituer à la caméra. J’avais le défaut, en tant que jeunefa03.jpg comédien, de trop en faire, de jouer trop de mon visage, avec les grimaces, les traits un peu trop appuyés…comme on fait au théâtre, qui est ma formation. Les courts et les moyens métrages m’ont permis de gommer tout ça et de garder juste la vérité des personnages, sans trop en faire, parce que la caméra, elle, voit tout dans les détails, il n’y a pas besoin de montrer, il suffit juste « d’être »  devant une caméra ! Ça m’a appris justement à être et pas à paraitre !

 

Comment en est-tu venu à doubler des mangas ?

 

C’est le métier qui m’a amené au doublage, il y a 8 ans. J’ai travaillé au fur et à mesure avec des personnes différentes. Pour les mangas, on me l’a proposé, j’ai fait des essais, ça c’est bien passé et j’ai commencé à doubler des mangas. La technique est un peu différente de celle du doublage d’un film 35 mm. Pour un dessin animé, on accentue tout un peu plus et on gomme un peu plus pour les films…  On me l’a proposé, en disant : « Tiens, il serait bien dans un manga » et comme je déteste refuser, j’ai dit oui !

 

L’univers de la pub t’a-t-il apporté une meilleure façon de communiquer sur toi même ?

 

pub.jpgL’univers de la pub, ça m’a déjà rapporté pas mal d’argent ! C’est important pour un comédien, comme n’importe quel métier ! L’univers de la pub m’a apporté surtout d’être efficace devant une caméra très rapidement ! On tourne très vite, une journée avec plusieurs scènes, on doit donc être très, très réactif, très rapide devant la caméra, on doit avoir un travail beaucoup efficace, beaucoup plus précis. Il y a moins de travail de recherche du personnage ou de la scène dans une pub que dans un film. La pub m’a permis de rencontrer des gens qui aiment leur métier, qui ont une passion et qui s’éclatent ! Sur une pub, l’ambiance est plus tendue à cause des délais très courts mais en même temps on n’oubliait pas que c’était d’abord du jeu et ça s’est toujours très bien passé

 

As-tu réalisée une autre pièce récemment ?

 

affiche-copie-3.jpgOui, elle a été mise en scène par Michel Thibaud, qui s’appelle « Pinky » avec Clair, Laurent Artufel et Armelle Layrisse. On à joué à partir du 29 septembre 2009 au Théâtre du Temple à République et c’est une pièce qui se passe dans le monde des  magazines people. J’incarnais un ex « harder », qui est un peu désœuvré, qui n’a plus une thune et qui est employé par Laurent Artufel, qui campe un rédacteur en chef et qui veut piéger sa femme pour faire une couverture du magazine people. Au final, le magazine va couler et ils vont créer un magazine people gay et on va faire croire qu’on est un couple gay et on va virer « folles ». Pour résumer, c’est un rôle de « macho » qui vire « folle » et qui est payé pour ça parce que c’est un contrat qu’il a avec le rédacteur en chef. Il fait cela en fait, pour des raisons beaucoup plus profondes…… mais pour le savoir, il faut aller voir la pièce !

 

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http://www.lelyon.net

 

http://www.myspace.com/fabrice.lelyon

 

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(Merci à Christine Houvenagel pour la retranscription dactylographique de cette interview)

 

 

 

 

Publié dans Artistes

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