"Le Vilain" d'Albert Dupontel à l'UGC Ciné Cité St-Sever Rouen avec Catherine Frot

Publié le par L'Autre interview





C'est dans le cinéma UGC – St Sever à Rouen que Catherine Frot a présenté en avant-première le film d'Albert Dupontel : LE VILAIN.



- L'histoire -



Au rythme soutenu et aux gags explosifs « Le Vilain » d'Albert Dupontel fricote agréablement avec l'univers des dessins animés de Tex Avery pour nous emmener dans un duo mère/fils qui sent la poudre et le duel.


Pourquoi ?


N'est pas Vilain qui veut !


Il faudra à sa mère une heureuse circonstance pour découvrir que l'aimable visite de son fils, au sourire de faux-cul, passez-moi l'expression, après 20 ans d'absence, cache une crapule en cavale dont le dossier remonte à la cours d'école.


Découvrant un fils pire que tous les Dalton réunis, Maniette, en brave mère audacieuse et subtile devient une sorte de Ma Dalton prenant tous les moyens « pédagogiques » pour redresser son fils et lui faire purger son passé.


Qui sortira vivant de ce duel terrible ?





















Une valse de personnages aux gueules bien trempées apportent une ampleur détonante au duel, par une succession d'histoires qui donneront autant de fils à retordre au Vilain qu'à sa mère. Une médecin sortant du musée, une prof vengeresse, un inspecteur au cœur tendre, des promoteurs aux méthodes les plus mafieuses, et des octogénaires à croquer comme des marshmallows...


Catherine Frot apporte à cette Ma Dalton une subtilité et une jeunesse qui en font un grand rôle particulièrement attachant. Une nomination au César du meilleur rôle féminin n'aurait rien d'étonnant.





















Albert Dupontel en parfait méchant garçon oscillant à devenir meilleur, nous régale et nous offre un numéro « déguisé », qui est la cerise sur le gâteau. Une interprétation digne d'être aux cotés de Catherine Frost aux Césars...


Je m'emballe ?


Le jeu de ces 2 acteurs apportent quelque chose d'unique qui le mérite, à mon sens.


Les paris sont ouverts ! 


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La conférence de presse de Catherine Frot, s’est faite parmi un florilège de journalistes. J’ai souhaité annoter d’un astérisque, les questions qui m’étaient personnelles.


Qu'est-ce qui vous plait dans l'univers d'Albert Dupontel ?


Catherine Frot : En France c'est un univers unique, il n'y en a pas deux comme lui. Ce n'est pas une comédie formatée et habituelle. C'est quelque chose de loufoque, de farce et d'un peu méchant. C'est un mélange de chose qui font qu'on est dans un jeu assez extrême et qu'en même temps il s'agit d'un sujet classique à savoir le rapport mère/fils.

J'adore la manière dont s'est traité. Je trouve qu'il y a un mélange de vrai, de faux et de guignolades...qui sont très réjouissants.


Qu'elle a été votre réaction lorsque l'on vous a dit que vous alliez vous grimer en une femme de 80 ans ?


Cela a été un véritable choc. Au début j'ai hésité, je me suis dit : « Quelle tête je vais avoir ? ». De me voir en vieille dame, j'avoue que cela m'a troublé.

Très vite on a fait des essais et cela a pris un certain temps avant que cela soit convaincant.

Au début on a travaillé uniquement sur le vieillissement, mais il n'y avait pas d'âme à l'intérieure. Cela ne marchait pas. Très vite il a fallu trouver le personnage, la silhouette, la dégaine, le regard, le mouvement ; tout pour habiter le rôle.

Il fallait que je me débarrasse de la notion de vieillissement et que je prenne trente ans.

J'ai pensé à pas mal d'acteurs qui ont vécu de tels transformations dans l'histoire du cinéma, à commencer par Michel Simon ou Meryl Streep qui dans le genre est très douée.

Les influences pour jouer Maniette ? Au début la grand-mère de Titi et Gros Minet. Cette dame replète avec des bonnes joues et des lunettes rondes. Puis The Queen de Stephen Freast, ou des tableaux comme la mère de David Hockney. Et j'ai beaucoup pensé à ma grand-mère. Quand j'ai vu mes photos en vieille dame, j'ai vu ma grand-mère arriver, cela m'a fait tout drôle.


*Est-ce que voyage dans le futur vous a apporté une sagesse ?


Sourires...Cela m'a apporté un avant-goût !...rires...J'ai fais des repérages. Je me sens assez prête ! Cela fait un effet drôle et perturbant, ce qui est le principe du jeu de l'acteur. Ce n'est pas innocent d'être acteur. Toutes les émotions que l'on doit travailler qui sont plus ou moins en nous, nous devons les faire ressortir et les mettre en avant. C'est toujours un peu bizarre et ça nous fragilise et en même temps cela nous grandit.


*En jouant ce rôle vous nous apportez beaucoup de jeunesse.


Ah que c'est beau ça ! Je trouve qu'à la fin du film, il y a presque un visage d'enfant chez la vieille dame, sa candeur permet ça aussi. Cela m'a beaucoup touché.


Qu'est-ce que vous avez ressenti en visionnant le film ?


J'étais très contente car c'est tellement drôle. J'ai vraiment l'impression d'être dans une aventure singulière. Il y a pleins de choses curieuses dans le film, comme cette tortue qui est consciente qu'elle a pleins de choses gravées sur sa carapace qui sont très insultantes.

Ce qui m'amuse chez la vieille dame, c'est qu'elle est retorse et intelligente, alors que son fils est plus toc toc. C'est une opposition intéressante des caractères.


*On pourrait dire qu'il y a trois symboles dans le film : vous qui représentez la conscience, la tortue qui représente la vengeance et le monospace noir qui représente la mort. C'est trois symboles se remplacent mutuellement pour tenter de faire changer le vilain fils.


C'est beau ce que vous dites ! Et c'est vrai, je crois que dans ce film, il y a les grands thèmes presque classiques et en même temps il y a une ironie tellement mordante dans le traitement qu'en fait Dupontel, que c'est intéressant.


Vous êtes à la fois la maman douce et dure...


J'aime bien la scène du Destop où elle à l'air malade. Elle en rajoute un peu, elle tremble. Et en fin de compte elle lui dit : « C'était pas du lait, c'était du Destop ! ». J'aime beaucoup cette scène. Au départ, c'est dans l'écriture, mais ensuite il y a une jubilation à le jouer. C'est de cet ordre là.


Avez-vous pu rajouter des choses personnelles pour le rôle de Maniette ?


Albert Dupontel a travaillé jusqu'à la dernière minute l'écriture. D'abord la naïveté de Maniette et en un deuxième le coté retors, parce qu'il a voulu forcer. Il avait envie que cela ne soit pas qu'une Mamie Nova. Il fallait qu'elle ait une dimension mystérieuse. On a pris notre temps et toute seule j'ai fait mon petit parcours pour trouver le personnage définitivement.

Sur le tournage avec Albert Dupontel c'est un rythme effréné car il est une vraie fusée. Tout est très travaillé au préalable et ensuite, il n'y a pas part à l'improvisation. Il est speed, mais moi, je me devais de donner un autre rythme. J'étais en contre-poids. Il y a une notion de clown blanc, d'Auguste, en face de lui.


*Comment est venu l'idée du gag de l'horloge où tout vous un ensemble de choses vous tombe dessus ?


C'est une machination du vilain fils. Je ne sais pas comment s'est venu, il faudrait lui demander. Mais tout un coup il a voulu tuer sa mère, c'est pas compliqué. Il n'a voulu qu'en faire une bouchée. S'il avait pu lui faire tomber la maison dessus, il l'aurait fait. Mais elle ressort de là ! Car le drame de cette dame est qu'elle ne peut pas mourir, elle est immortelle, c'est étrange. Tant qu'elle n'aura pas remis son fils dans le droit chemin, elle ne pourra pas mourir tranquille. Cela dit on est tous là avec ses enfants...On est maintenu en vie pour eux.

On peut se demander comment est-elle venue à avoir un fils comme ça ? Il y a un mystère. Albert Dupontel dit qu'avoir une vie d'enfant trop raisonnable, avec des gens gentils autour de lui, ça l'a rendu fou.


*C'est ce qui est évoqué à la fin...


Il est parti de la dessus et s'est amusé avec ça. Quand c'est trop lisse, c'est trop beau pour être vrai.


Pourquoi avez-vous été actrice ?


J'ai toujours été attiré par le domaine artistique. Et actrice en soi, pour l'idée de transformation d'un personnage, pour lui faire vivre ses aventures là, à chaque fois. D'être capable de rendre vivants des personnages !























Est-ce qu'Albert Dupontel vous a souvent sollicité pour la réalisation du scénario ?


Non, c'est quelqu'un qui travaille très en solitaire. Il sait exactement ce qu'il veut. On réfléchissait parfois ensemble, mais c'est quelqu'un qui fonctionne par visions, par flashes. Il cherche beaucoup. Pour moi c'est un vrai artiste. Il ne rentre pas dans un cadre, il faut que cela sorte de partout. Il n'est pas du tout dans des sentiers attendus. Il dit lui-même qu'il est très attiré par le cinéma anglo-saxon. Il a de bonnes relations avec Terry Gilliam, qui voit tous ses films. Les Monty Python, c'est quelque chose !








Publié dans Cinéma

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